Depuis plusieurs années, la ville de Joeuf abrite une communauté arménienne dynamique et pleinement impliquée dans la vie locale. Aujourd’hui, plus de 20 familles ont su s’intégrer et trouver leur place. Notre ville incarne des valeurs de solidarité et d’inclusion qui favorisent l’épanouissement de chacun. Cet esprit se reflète dans le parcours de nombreuses familles, dont certaines ont obtenu la nationalité française.
Gayané Hayrapétyan, jeune femme de 21 ans, qui a effectué quelques semaines de stage en mairie de Joeuf, a bien voulu répondre à nos questions.
Quand êtes-vous arrivée à Joeuf et quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Je suis arrivée à Joeuf en 2010 à l’âge de 6 ans, avec mes parents, Movses et Anna, et mes deux sœurs, Arpiné et Mariné.
Dès notre arrivée, nous avons été accueillis chaleureusement par les joviciens, même si nous avons dû faire face à de nombreuses difficultés administratives. Pour ma part, j’ai été confrontée à plusieurs obstacles, notamment la barrière de la langue. Mais ma maîtresse de CP, Mme Catherine, a su me soutenir avec patience et bienveillance, prenant le temps de m’enseigner le français sans jamais me décourager.
En situation irrégulière, nous avons reçu des menaces d’expulsions. Face à cette épreuve, un véritable élan de solidarité s’est manifesté autour de nous ; le Maire, les habitants, les écoles et les organismes sociaux nous ont apporté leur soutien, nous permettant d’être régularisés en 2015.
De quelle manière vous êtes-vous impliquée ?
Avec ma famille, nous n’avons cessé de nous investir dans la vie jovicienne. Je suis membre actif du Point Femmes, tout comme ma maman Anna, qui a su fédérer le groupe.
Je consacre beaucoup de temps à aider mes compatriotes arméniens dans leurs démarches administratives. C’est un soutien essentiel pour celles et ceux qui découvrent la France et ses institutions.
Vous avez été naturalisée française en 2024, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
C’est une reconnaissance officielle de mon intégration et de mon attachement aux valeurs de la République. Je me sens française, je suis ici chez moi. Joeuf est la ville où j’ai grandi et vécu les moments les plus marquants de ma vie. Aujourd’hui, j’essaie, à mon tour, d’aider ceux qui arrivent, en les conseillant et en les accompagnant dans leurs démarches.
Qui sont les figures de la communauté arménienne qui vous inspirent et pourquoi ?
De nombreux représentants de la communauté arménienne se distinguent par leur engagement et leur réussite. Sonia Balaian est un exemple inspirant pour moi, elle est responsable des services territoriaux d’insertion, enseignante vacataire, conseillère municipale et 1ère vice-présidente de la Diaspora Arménienne du Grand Est. Arman Nersisyan et son épouse Annie, contribuent à l’enrichissement du tissu économique local et sont les propriétaires du restaurant « la Renaissance » situé en face de la mairie.
Dans le domaine sportif, Armen Yepremian, champion de boxe et diplômé prévôt fédéral incarne également une belle réussite.
Je reprends les mots de Sonia Balaian : « C’est dans notre culture d’être reconnaissants envers ceux qui nous accueillent. Nous faisons toujours en sorte qu’on n’ait pas à regretter de nous avoir tendu la main ».